C'était un homme. Comme vous et moi. Oui, messieurs, mesdames. Vous et moi. Il s'était immiscé dans ma vie et sans que je ne m'en rende compte, faisait partie de moi. Il était devenu on complément, mon meilleur ami, mon frère. Il jouait de la flûte à s'en époumoner. Moi qui m'était toujours senti si différent, si spécial ... Je trouvais quelqu'un qui semblait me comprendre. On parlait sans cesse de nous, de nos différences et, au fil du temps, de mes pouvoirs. Il était au courant. Il le savait. J'ignore comment, mais il le savait. Et je me sentais libre. Tellement plus libre. C'était comme si on m'arrachai le douloureux fardeau du secret et de l'ignominie. Il avait été mon appui, mon soutien le plus précieux.

Avec le temps, Celeborn devint mon confident et surtout, mon guide. Je lui avais dit que je ne connaissais pas mon père. Que mes frères et sœurs n'étaient pas comme moi et que j'avais le sentiment d'appartenir à une classe supérieure. Et lui m'écoutait. Avec une compréhension apaisante. Sans jugement. Le secret qui planait autour de moi ... Je savais que Celeborn l'avait percé. Avec une intention bienfaitrice, il me guidait vers les origines de ma naissance. La Grèce avait été le berceau de mon paternel. Il fallait que je le retrouve. Il fallait que je le rencontre. Mon ami ne semblait pas être bien enthousiaste à cette idée et aujourd'hui, je crois mieux comprendre certains épisodes de la recherche de mon passé.

La révélation avait eut pour effet de me rendre malade. De sa bouche, les mots semblaient cruels et véridiques. Il n'y avait pas d'erreur. Moi, jeune homme dont la vie n'a été qu'une suite d'évènements insignifiants et insipides allait devenir un héros. Du sang divin coulait dans mes veines. Il m’expliquait tout. Mon père était un dieu grec. Quasi-inconnu de tous, certes, mais tout de même puissant. Mon don, mon pouvoir, ma malédiction était mon douloureux héritage. Et les dettes ne s'arrêtaient pas là. Mais les choses venaient de s'engager dans un douloureux rouage. Je m'étais donc lancé sur les traces d'anciennes entités célestes. Sur une île. D'autres étaient comme moi. D'autres partageaient mon affliction et comprendrait sûrement mieux que Celeborn quel était le mal qui me rongeait l'inconscient. Je les rejoindrait. C'était mon destin, disait-il. Et la volonté de mon père. Car il la connaissait. Il l'avait entendu. Seul Celeborn et les autres ... Les autres satyres -je crois bien que c'est un satyre- avaient ce pouvoir.

***

Ainsi donc, dans les jours à venir, je me verrai dire adieu à ma mère pour embrasser ma destinée. Je n'ai jamais été aussi nerveux et heureux de ma vie. Mais un étrange mal me rendait mélancolique. L'avenir m'attendais et c'était sans doute ça qui était le plus important. Aeden, terre d'asile, destination divine. « Que la providence céleste guide mes pas. » comme il le disait ...
Le jour du départ, ma mère s'est effondré en larme. Je l'ai embrassé sur le front et me suis retourné sans un mot. Sans un adieu. Ma vie prenait un tournant inattendu et je devait me montrer digne de l'héritage que je portait. Trois jours passèrent sur ce vieux bateau. Celeborn m'expliqua ma mission. Ce que je devait faire. Comment me comporter avec les autres, comment parler, comment assumer mes pouvoirs. J'appris à les contrôler, à la maitriser. A les faire miens. Je découvrais des aspects inquiétant de ma personnalité. De mes dons. Durant ses trois jours, je me redécouvrais. Je devais devenir un héros.

***

Après trois jours de voyage, je foulait enfin les terres d'Aeden. La végétation y était belle. Luxuriante. Vierge de toutes souillure. Un retour au passé, aux temps antiques. L'île était baignée d'une auréole de lumière. Mes premières impressions, je ne m'en souviens plus. Je crois que l'île me faisait peur. Celeborn m'avait initié aux us et coutume de l'île. Pas de voiture, nous nous déplaçâmes à cheval jusqu'au camp. Le paysage était incroyable. Des centaures, des sirènes, des chevaux ailés, des chimères et bien d'autres créatures. Je fis la connaissance du peuple local et je fis confronté à leur langues et leur manières de vivre. Malgré tout, je ne me sentais pas encore chez moi.

L'accueil au camp était glacial au début. Les autres me regardaient d'un air de condescendances. Ils se savaient supérieurs à moi. Celeborn insistait. Il me disait que c'était temporaire. Juste temporaire. J'observais et étudiais. Eux aussi m'étudiaient. Nous étions des sujets de curiosités qui nous dévisageaient sans vraiment comprendre. Parfois, certains héros s'en allaient. Pendant plusieurs jours. Des semaines parfois. Ils partaient pour des missions donnés par leur pères. L'un de mes nouveaux camarades me disaient que je n'étais pas prêt. Il accepta de m'aider à m'entrainer.